Que peut-on attendre de l’évolution des forêts de chêne-liège dans les années à venir? Découvrez les principales tendances et les défis qui auront un impact sur le Montado (nom portugais typique de ce type de forêt), l’un des écosystèmes les plus riches au monde.
Résumé:
- Caractérisation de la forêt de chênes-lièges
- Tendances
- Défis
- Mesures pour améliorer la performance climatique de la forêt de chênes-lièges
- Conclusions
1. Caractérisation de la forêt de chênes-lièges
Les forêts de chênes-lièges occupent une petite partie de la planète, mais elles sont très importantes en raison des produits et des services qu’elles offrent. On les trouve dans les régions les plus chaudes de la Méditerranée occidentale, en particulier dans la péninsule ibérique, au Maroc, en Italie, en France, en Algérie et en Tunisie.
Ces forêts couvrent environ 2,123 millions d’hectares dans le monde, dont 67% en Europe et 33% en Afrique du Nord.
Les chênes-lièges prospèrent dans les régions où les précipitations annuelles sont supérieures à 600 mm et où la température moyenne est d’environ 15°C, généralement en dessous de 800 mètres d’altitude en Europe. Ils poussent sur des sols acides, tels que le granit et le schiste, et plus rarement sur le calcaire.
Le liège, l’écorce du chêne-liège, a évolué pour protéger l’arbre du feu et de la sécheresse, et est un matériau très isolant. Il est imperméable, flottant, résistant au feu et à l’abrasion, compressible, élastique et durable. L’écorce du chêne-liège se régénère après l’écorçage, ce qui permet aux arbres d’atteindre un âge de plus de 200 ans.
Les forêts de chênes-lièges sont exploitées en agroforesterie, associant culture des chênes, pâturage et production de céréales. Les Montados produisent, en plus du liège, de la viande, des céréales, des champignons, du miel et des herbes médicinales. Ces forêts sont donc des écosystèmes économiquement diversifiés et durables.
2. Tendances
Dans les années à venir, on peut s’attendre à ce que les forêts de chêne-liège soient affectées par ces tendances:
Gestion durable
L’accent est mis de plus en plus sur les pratiques qui favorisent la durabilité du Montado, telles que la régénération naturelle, la préservation de la biodiversité et la lutte contre la désertification. Cela inclut l’utilisation de techniques d’entretien qui encouragent un équilibre entre la production de liège et la conservation de l’écosystème.
Résilience climatique
Avec l’avancée du changement climatique, les forêts de chênes-lièges sont confrontées à des défis tels que la hausse des températures, la modification des régimes de précipitations et un risque accru d’incendies. L’adaptation de ces forêts sera cruciale pour assurer leur survie. Cela peut inclure la sélection d’espèces résistantes et la mise en œuvre de pratiques qui atténuent les effets du climat.
Reconnaissance et appréciation
L’importance écologique, économique et culturelle de la forêt de chênes-lièges est de plus en plus reconnue au niveau mondial. Cela peut se traduire par des politiques de conservation solides, des incitations économiques pour les propriétaires et une attention particulière à la préservation de ces écosystèmes uniques.
Innovation et nouveaux produits
L’exploration de nouvelles utilisations du liège, au-delà des bouchons et des revêtements, est une tendance émergente. Le développement de produits innovants, tels que des matériaux de construction durables, des applications en biotechnologie et de nouvelles formes d’utilisation dans l’industrie textile, est une chose à laquelle nous pouvons nous attendre dans les années à venir.
Tourisme durable
La forêt de chênes-lièges, avec sa riche biodiversité et ses paysages uniques, devient un centre d’intérêt pour l’écotourisme. Cela peut créer de nouvelles opportunités économiques pour les communautés locales, tout en sensibilisant à la conservation des écosystèmes.
3. Défis
Les paysages naturels de chênes-lièges sont situés dans le bassin méditerranéen, une région très sensible au changement climatique. La modélisation du changement climatique suggère que la région méditerranéenne subira des changements en termes de:
- Le régime des précipitations: réduction totale, redistribution annuelle, variation interannuelle plus importante, sécheresses plus fréquentes et plus longues, etc.
- Modèles de température: augmentation de la température moyenne, vagues de chaleur plus fréquentes, etc.
- Fréquence et intensité des phénomènes extrêmes: tempêtes, incendies de forêt, etc.
Concentration élevée de CO2 et fertilisation au CO2
La première réaction des plantes à une concentration élevée de CO2 est d’augmenter leur taux d’assimilation du carbone et de diminuer leur transpiration, ou perte d’eau, ce qui laisse supposer une plus grande productivité et une meilleure efficacité de l’utilisation de l’eau. Toutefois, des études indiquent que les changements combinés de température et de précipitations au cours des prochaines décennies modifieront, et souvent limiteront, cet effet direct du CO2 sur les plantes.
L’irrégularité des précipitations qui caractérise la Méditerranée sera exacerbée par le changement climatique, ce qui augmentera non seulement la gravité du stress hydrique des plantes, mais aussi le taux de perte d’éléments nutritifs du sol. Ces facteurs combinés suggèrent une mortalité accrue du chêne-liège ou, au minimum, une diminution de sa productivité primaire.
Les effets de l’augmentation des températures sur le bilan carbone du chêne-liège peuvent être négatifs en été, en raison d’une augmentation de la respiration de la plante par rapport à l’absorption et à l’assimilation du carbone, et positifs en automne et en hiver, en réduisant les limitations de la photosynthèse liées aux basses températures.
Augmentation de la fréquence des incendies de forêt et d’autres catastrophes naturelles
La fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes de vent, les sécheresses graves ou les longues périodes de chaleur, est susceptible d’augmenter à l’avenir. Ces conditions extrêmes, associées à un risque météorologique accru d’incendies, augmenteront le risque de pertes de productivité dues à la mortalité des arbres et à la dégradation du sol qui s’ensuit.
Les chênes-lièges sont reconnus pour leur résistance au feu. Cependant, malgré cette résistance, il y a toujours une certaine mortalité associée au feu. Les taux de mortalité peuvent varier en fonction de la densité et de l’état de santé des arbres avant l’incendie, de la densité du combustible et des conditions météorologiques au moment de l’incendie. Ainsi, une augmentation de la fréquence et/ou de l’intensité du feu entraînera inévitablement une augmentation de la mortalité.
Effets sur les communautés et les écosystèmes
Les chênes-lièges jouent un rôle fondamental dans les communautés écologiques où ils sont présents. Bien que peu étudiés, les changements dans leur comportement peuvent avoir des effets significatifs sur la communauté et l’écosystème. Par exemple, les communautés de champignons ectomycorhiziens, responsables de l’amélioration de l’acquisition des ressources par les chênes-lièges, peuvent changer en réponse à la sécheresse et au réchauffement du sol, modifiant leur rôle dans l’absorption des nutriments.
Les changements de température peuvent également induire des changements non coordonnés dans la phénologie des organismes en interaction. Par exemple, l’infection par des champignons pathogènes, tels que Phytophthora cinnamon (l’un des principaux agents de la maladie des racines affectant les chênes-lièges) et Armillaria mellea, est favorisée par des conditions chaudes et humides, ce qui signifie que dans la région méditerranéenne, le risque d’invasion de pathogènes peut augmenter, affectant la résilience du chêne-liège.
4. Mesures pour améliorer la performance climatique de la forêt de chênes-lièges
Afin de relever les défis auxquels les chênes-lièges pourraient être confrontés à l’avenir, il est essentiel de promouvoir des pratiques de gestion durable pour ces paysages naturels, telles que:
- Promotion de la régénération naturelle pour permettre la variabilité génétique et la sélection éventuelle de génotypes tolérants à la sécheresse, ainsi que l’évolution future vers l’équilibre avec un nouvel environnement;
- Planification minutieuse de la plantation et sélection de génotypes appropriés, combinées à la régénération naturelle, afin d’encourager une migration qui évite le stress;
- Création de corridors pour éviter la fragmentation de l’habitat;
- Promotion de la santé et de la vitalité du chêne-liège;
- Gestion forestière adaptée à l’utilisation des terres;
- Réduction des risques d’incendie;
- Diversification des possibilités d’emploi dans le secteur forestier;
- Soutien public aux forêts de chênes-lièges.
5. Conclusions
En résumé, l’avenir du Montado est confronté à une confluence de défis et d’opportunités. La gestion durable et l’adaptation climatique sont cruciales pour préserver ces forêts, tout en innovant dans le liège et l’écotourisme. Cependant, des menaces telles que la fréquence accrue des incendies et le changement climatique exigent des mesures proactives pour garantir la résilience et la longévité de ces écosystèmes vitaux. La protection et la valorisation du Montado seront fondamentales pour sa continuité dans les années à venir.
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